Laurent

16 septembre 2007

Le panier de fraises



- Tenez ma douce bergère, elles sont pour vous.

- Des fraises ?... Vous êtes bien brave mon ami, et soyez sûr que j'en suis flattée. Toutefois ma stupéfaction ne saurait noyer quelque inquitétude que ne m'aurait guère inspiré un bouquet de fleurs !

- Dites-moi tout ! Je suis prêt à écouter le moindre de vos griefs... Toujours je saurai me montrer digne à votre égard.

- Eh bien soit... Sachez donc que votre panier de fraises m'inspire méfiance... Mon éducation m'apprit très tôt que les hommes ne pouvaient prou dompter leurs coupables et fripons desseins intérieurs à la simple vue d'une femme innocente !

- Vous m'en voyez navré de m'être montré si cavalier.... J'acquiesce, et ne tiens nullement à vous dissimuler plus longtemps mes fougueux sentiments... Tant de lunes que je parcoure ces sentiers vallonés et accidentés, affrontant dragons redoutables et vils gueux pour les empêcher de vous dérober à mon regard...

- Je vous en prie.... ("jevousenprie! jevousenprie" s'écrie l'espiègle perroquet de la bergère)... Tais-toi Kiki !

- Pardonnez les soubresauts de mon coeur aveuglé... Je m'incline et me retire en maudit pour méditer dans une nuit sans étoiles... Mais avant ma retraite définitive, permettez-moi de vous exprimer ma gratitude pour avoir offert à Kiki vos bonnes et généreuses mains qui, je n'en doute aucunement un instant, le sauveront d'un funeste destin tel qu'en fut victime le gallinacé Kiki du Seigneur Lochet...

- Attendez preux chevalier, ne partez pas... Vous ne m'importunez point mon brave. Bien que maladroit, la noble générosité de votre geste me touche....
Un gage sera votre peine. Si vous m'apportez des cerises, je préparerai un gâteau et vous offrirai hospitalité...

- Mon dieu, gente damoiselle, croyez bien en mon allégeance et ma détermination dans cette quête que vous et votre fidèle compagnon à plumes prénommé Kiki, me confiez. Et bien que la saison ne soit plus opportune, nous ne succomberons point à la facilité d'acheter ces nobles fruits auprès de quelque marchand ambulant.
Nous tâcherons en conséquence, moi et mon brave destrier Kokanasson, de ne point vous décevoir... Jusque dans les contrées les plus reculées, nous irons cueillir les plus charnus et juteux de ces petits fruits rouges gorgés de plaisirs gustatifs.

- Ne vous donnez point tant de peine mon preux chevalier... Votre dévouement m'émeut et me trouble... Veuillez d'abord vous accorder une trêve méritée. Je vous invite à partager ce modeste déjeuner en ma compagnie.

- La Colère Suprême des Cieux ne saurait m'empêcher d'accepter votre invitation !


Laurent

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