Laurent

25 mars 2007

Reminescence (compo)

"Reminescence" et non "Réminiscence", mot exact du dictionnaire.
Réalisée avec Reason le Dimanche 25 Mars 2007.










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03 mars 2007

C'était un rendez-vous (Claude Lelouch - 1976)

Claude Lelouch l'a toujours dit: sa vie est une partie de poker.

En 1976, le tournage de "Si c'était à refaire" -titre étrangement évocateur- à peine bouclé, Lelouch se rend compte qu'il lui reste quelques centaines de mètres de pellicule. Sans doute épuisé mentalement, et en même temps libéré de la pression extraordinaire qu'exige la réalisation d'un film, le cinéaste décide de ne pas rendre les bobines vierges et d'en faire usage pour un court-métrage fou.
Aux aurores, il extirpe de son sommeil une actrice, puis son chef-op' qu'il embarque dans une voiture surpuissante. Lelouch laisse alors exploser sa liberté au volant -il reconnaitra plus tard avoir "pété les plombs" ce matin-là.
Le cinéaste, en effet, ne réfléchit plus et fait fi de tout règlement quelque soit le danger, y compris celui de mettre en péril la vie des autres, pour ne suivre que son instinct cristallisé autour de sa caméra -toute sa vie. Cette dernière enregistre donc en vue subjective le plan-séquence de sa folle traversée de la capitale.

Quel est l'objectif de ce chauffard apparemment en retard, tel un pilote de course refusant de s'arrêter tant qu'il n'est parvenu à atteindre son but ?
Bien qu'on ne puisse l'anticiper, il y a évidemment une extrémité où se trouve l'arrêt, et on ne peut que l'attendre au tournant, avec crainte, parce qu'il est de toute façon inévitable et va tout changer: à l'autre bout c'est soit l'échec et la mort, soit la vie, qui attend le conducteur...
Le fait que la séquence se déroule à une heure où se disputent ténèbres et jour, peur et espoir, en renforce d'autant plus la puissance évocatrice. Il y a même quelque-chose de pathétique dans ce hurlement ininterrompu du moteur troublant un Paris étonamment désert.

Claude Lelouch offre ainsi, à mon sens, une parabole romantique de sa vie personnelle qu'il aime plus que tout, parce qu'elle est aussi cette partie de poker vécue à deux cents à l'heure.
S'il est toutefois difficile de ne pas reprocher au cinéaste la folie de son entreprise, somme toute dangereusement égoïste, par le fait qu'elle ait également transformé en partie de poker la vie d'automobilistes, voire de piétons; il est tout aussi difficile de ne pas reconnaitre l'oeuvre d'un artiste impressionnant qui fascine le plus grand nombre, admirateurs et détracteurs compris
-"Admirateurs, détracteurs, mode d'emploi", peut-il y avoir plus Lelouchien comme titre de film ?

L

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