Stress en "musique"


Comment créer un bon gros buzz pour son groupe ?
Les petits malins du duo Justice, nouvelle sensation "French Touch" de la scène electro parisienne, ont dû se creuser la tête longtemps...
Epaulés par un réalisateur de clips qui a visiblement un peu trop maté "Ma 6T Va Kracker" de Jean François Richet, "Irréversible" de Gaspar Noé, et "Orange Mécanique" de Stanley Kubrick, nos trois compères ont finalement trouvé la solution-miracle en s'inspirant du destin de ce dernier film: créer le scandale et la polémique pour tenter d'acquérir le statut d'oeuvre culte, par l'intermédiaire d'un sujet des plus sensibles (la délinquance en banlieue), dans un clip à la violence paroxystique... Pas la moindre amorce de scénario: filmé à l'épaule façon docu, on y voit un groupe de jeunes -noirs, forcément- arborant le symbole du groupe, tout casser, violanter, cogner, bruler, avant d'achever le cameraman.
Selon certains fans qui peinent à cacher leur inquiétude, il s'agirait d'une dénonciation virulente de l'image des banlieues véhiculée par les Médias... Les médias ont bon dos !
Si c'est vraiment cela que les médias s'obstinent à montrer, il faut croire que les mecs de Justice et leur réalisateur ont tenu à leur rendre un vibrant hommage !
Pour ma part, ce clip est une récupération à peine déguisée, honteusement opportuniste et complice des images qui, comble du cynisme, stigmatisent notamment des gens de couleur en difficulté sociale.
Comment ces images vont-elles être interprétées par les personnes vulnérables, celles qui ont peur, ou encore celles qui n'ont pas suffisamment accès à la culture ?
Ne constituent-elles pas un cadeau royal pour certains poltiques, tels le FN, qui pointe du doigt cette banlieue-là, cette population issue de l'immigration, etc ?
Il serait également intéressant de se demander ce que les membres du groupe Justice -qui sur le coup aurait dû s'appeler plutot "Auto-Justice"- connaissent vraiment de la banlieue... Y-ont-ils vécu ?
Quant à la musique, elle est nulle.
Il ne suffit pas de savoir bricoler des loops et connaitre les secrets du gros son pour avoir le talent des Daft, Air, Kris Menace ou Fred Falke...
Enfin, la musique a au moins le mérite de s'appeler "Stress", titre qui s'accorde bien avec les images.
Le spectacle provoque en effet un stress intellectuel que j'appelerais par son nom le plus concis: consternation.
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