Laurent

30 novembre 2008

Burnt Offerings (Dan Curtis - 1976)


Quand j'étais mome, je dévorais les Mad-Movies, Ecran Fantastique et autres Starfix. Mais parfois ma passion pour le cinéma fantastique se mêlait d'une certaine frustration, n'ayant pu voir quelques oeuvres aussi rares qu'encensées par la critique spécialisée. Pas encore né, ou trop jeune au moment de leur sortie, je ne parvenais jamais à mettre la main sur une VHS pourtant existante de ces films !
Burnt Offerings de Dan Curtis, également connu sous le nom de "Trauma", est un de ceux-là, et ce n'est qu'aujourd'hui, grâce au DVD, que je découvre enfin ce film d'épouvante des Seventies. Mieux vaut tard que jamais !

Trauma s'inscrit dans la lignée des films de maison hantée et démoniaque, au même titre que La Maison Du Diable, Amityville, L'Enfant Du Diable, Poltergeist, etc...
Réalisé par un homme de télévision, le film réunit un casting de haute volée: Oliver Reed, Karen Black, Bette Davis, Burgess Meredith. Une belle brochette de comédiens fort expérimentés, dont Curtis ne saura tirer toute la quintessence, mais je reviendrai sur ce dernier point.

Adaptation d'un roman célèbre outre-Atlantique, la principale qualité de Trauma est l'histoire et ses personnages, à commencer par l'immense demeure. Cette dernière présente l'originalité de se régénérer en se nourrissant de l'énergie mentale et physique de ses occupants ! Inutile de dire qu'il règne en ces lieux une ambiance inquiétante, intensifiée par la sobriété des évènements faussement anodins.
Qui est cette mystérieuse vieille dame enfermée dans sa chambre, et pourquoi devient-elle l'unique préoccupation de Marian ?
Ici la peur s'installe plus de jour que de nuit, et la subtile bande-son annonce le mal qui se dissimule partout...

Trauma - la bande-annonce d'origine


Certaines scènes (la piscine, le rêve en noir et blanc de Ben, l'agonie de la vieille tante) font vraiment froid dans le dos et sont relativement bien filmées, mais l'ensemble pêche malheureusement par un manque de rigueur dans le déroulement, et surtout le rythme. Ainsi les évènements s'enchainent avec un manque d'homogénéité, de fluidité, et le film accuse un grand coup de fatigue à mi-parcours.
Si Dan Curtis est un habile faiseur d'images, il semble en effet moins à l'aise avec la cohésion de son script et la direction de ses comédiens. Certaines scènes sont un peu longuettes au détriment d'autres plus importantes mais courtes, survenant ainsi de façon un peu abrupte. Par exemple, la scène de la tentative d'infanticide arrive brusquement sans que le spectateur comprenne bien pourquoi, et tout ce petit monde à l'écran, bien conscient que quelque chose cloche se remet plutôt vite de ses émotions.

Ensuite, Curtis délaisse un peu trop Bette Davis dont la déchéance physique et mentale de son personnage est à peine survolée, pour se focaliser en plan(s) généreux sur un Oliver Reed qu'il laisse un soupçon cabotiner par moment -ses grimaces sont un peu trop appuyées. Même les apparitions plus ou moins fantasmées du croque-mort n'apportent finalement pas grand chose.

Plongés au coeur de l'étrangeté, les personnages perdent ainsi en crédibilité en passant d'un état psychologique à un autre plus rationnel et inversement, sans véritable étape intermédiaire -c'est pourtant dans ce cheminement que se trouve la vraie psychologie. Vers la fin par exemple, après les obsèques de la tante, la femme de Ben met la table, habillée telle une Vampirella, mais sa "possession" par la demeure, ne l'empêchera pas de retrouver ses esprits peu après, bien décidée à quitter les lieux avec sa petite famille !
A l'image de cette légère confusion dans la narration, le terrible final est un peu précipité, mais a malgré tout le mérite de surprendre le spectateur, à un cheveu d'imaginer la possibilité d'une issue positive...

En conclusion, c'est du cinéma globalement efficace mais un tantinet fébrile, la faute à un montage en "montagnes-russes", entre mollesse et fulgurances, qui n'exploite pas toutes les idées qu'il ambitionne.
Si les épaules de Dan Curtis étaient donc un peu frêles pour supporter le poids d'un tel projet, ses maladresses n'enlèvent rien à la présence d'un mystère effrayant parcourant le film de bout en bout...

A mon sens, Trauma n'est donc pas le chef-d'oeuvre annoncé par certains, mais reste un bon film d'épouvante au dessus de la moyenne.
Enfin, je dis ça, mais c'est peut-être moi -et non le film- qui ai pris un coup de vieux ! ^^

L

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4 commentaires:

  • Avant toute chose, Laurent : je te souhaite une excellente année 2009. Une santé de fer, 365 jours prospères.
    Oui, il paraît qu'on a le droit de le faire jusqu'à la fin du mois de janvier ;-)
    Et puis, une connexion à domicile nouvellement installée, ça aide à faire passer des messages à des personnes marquantes dans une vie.
    Bon, ceci dit, je passe aux griefs : dis-donc, je me connecte au blog du plus grand cinéphile de la terre et je tombe toujours sur Trauma. Alors je me dis : "Pas possible. Il doit manquer de disponibilité, c'est sûr, parce que Laurent n'a pas pu passer à côté du décès de Claude Berri". (Pour ce qui est de Patrick Mcgoohan, je comprends, personne n'a eu le temps de réagir, même moi j'apprends la nouvelle à l'instant).
    Allez hop, boum. En hommage à Berri, dans le genre "scène insupportable", un petit lien : (je pleure toujours autant quand je visionne la séquence, à croire que je suis devenue complètement maso !)

    http://fr.youtube.com/watch?v=U1asFeSthWY

    Sinon, par rapport au "sacré numéro" cité après Berri, je ne peux pas m'empêcher de penser à l'épisode final de la série Le Prisonnier particulièrement troublant, très onirique, de sorte que personne ne partage la même opinion quant à l'identité du fameux Numéro 1. D'ailleurs, je ne compte plus les fois où je me suis pris la tête avec les gens à cause de ça !

    Voilà, voilà...

    Je te prends de vitesse, Laurent, j'en suis sûre et sincèrement désolée - je ne veux pas te froisser - mais il faut croire que ça me démangeait !

    Edwige

    Par Anonymous Anonyme, À 15 janvier, 2009 19:48  

  • Oh que c'est gentil, merci Edwige !!! (^o^)
    A mon tour de t'exprimer tous mes voeux de bonheur et de santé !
    J'ai tellement de travail que je ne me suis pas beaucoup connecté ces derniers temps :(
    Tu as infiniment raison, j'aurais dû créer un sujet pour rendre hommage à ce grand monsieur qui vient de nous quitter. Et je te remercie d'avoir choisi cet extrait digne d'une tragédie grecque, car Jean de Florette et Manon des Sources sont deux de mes films français préférés toutes catégories confondues ! Oeuvres cultes que je ne me lasse pas de revoir à chaque rediffusion, et c'est comme ça depuis plus de 20 ans (écolier, j'avais été absorbé par ce film que nous avions eu la chance de voir au cinéma avec toute la classe). La passion de Claude Berri pour l'oeuvre de Pagnol est incroyablement communicative et l'ambiance est magique, on se croirait vraiment dans la garrigue !
    En voyant Germinal, Claude Berri devenait pour moi le plus littérateur des cinéastes. Impossible aussi d'oublier Tchao Pantin dans lequel on découvrait Coluche sur un registre dramatique -probablement son plus grand rôle au cinéma.
    Nous venons de perdre un très grand cinéaste, et je crois qu'il n'a pas été suffisamment récompensé pour son oeuvre, mais finalement il n'avait pas besoin de ces décorations car ses films resteront gravés dans les mémoires. Même en tant que producteur, impossible que le carton des Ch'tis (pas encore vu bouh!) ne figure pas dans les futurs livres d'histoire !

    Par contre Edwige, tu m'en vois navré, et j'ai honte mais... >_< ...je ne connais le feuilleton Le Prisonnier que de nom ! Je suis complètement passé à côté des séries tv britanniques, ou presque ! Pourtant je suis bien conscient que c'est un classique, mais au même titre que Les Chapeau Melon et les Amicalement Vôtre, ben connais quasiment pas ! Je dis "quasiment" car son visage me rappelle vaguement quelques souvenirs (alors que je suis incollable sur la vie des Ingalls, des Ewing, Magnum, Droles De Dames et autres Starsky & Hutch!...).

    Allez, en guise de mini-hommage à notre Prisonnier et ce brave inspecteur Derrick qui nous a récemment quitté, si tu ne l'as pas déja vu, je te conseille de voir ce petit détournement des 90's:

    http://www.dailymotion.com/relevance/search/derrick%2Bcontre%2Bsuperman/video/xckm0_derrick-contre-superman_fun


    Bisou

    Par Blogger Laurent, À 17 janvier, 2009 19:12  

  • Le lien vidéo que tu as retranscrit ici est formidable ! Je viens de le visionner et beaucoup de séquences m’ont fait franchement rigoler. (C’est incroyable comme c’est bien réalisé, si je puis dire de façon très simpliste). Laurent, je rebondis rapidement sur certains de tes propos. Lorsque tu évoques la notion de "tragédie grecque" en relation avec l’extrait en question de Manon des Sources, je trouve qu’il n’existe pas meilleure expression descriptive. Vraiment. Et puis, je partage tout à fait ton sentiment quant à ta préférence pour les deux volets de Pagnol mis en scène par Berri. En ce qui concerne le fait que tu n’as jamais suivi les épisodes de la série Le Prisonnier, tu n’as pas à avoir honte ! Surtout pas. D’abord parce qu’on ne peut pas tout savoir et ensuite parce que la plupart des choses que j’ai découvertes et su apprécier sont celles que tu m’as transmises : de fait, quand on part du postulat selon lequel c’est toi qui m’a fait connaître Peter Sellers ou encore Hayao Miyazaki (pour ne citer qu’eux au hasard dans la liste) je ne vais quand même pas trop la ramener avec mon Patrick McGoohan. En revanche, par rapport au film de Dany Boon, ben euh… Comment dire ? Je l’ai vu il n’y a qu’une semaine en DVD car pas forcément envie de me précipiter en salle à sa sortie (trop de promo peut-être, trop de monde…). Bon, je ne dis rien maintenant mais à l’occasion, si tu le vois, on aura peut-être l’occasion d’en reparler. Encore merci de ta réponse, Laurent et aussi pour le lien vers Dailymotion !
    E.

    Par Anonymous Anonyme, À 18 janvier, 2009 16:28  

  • Merci à toi Edwige, ce que tu dis me touche beaucoup et me rappelle de beaux souvenirs ! Sans compter qu'entre Peter Sellers et Miyazaki, n'oublions pas de caser LE Toxic Avenger arf!!! ^^
    Pour ma part, tu m'as fait découvrir entre autres, Gangs of New York, L'Homme Sans Passé et Big Fish, trois excellent films que j'étais sur le point de rater betement. En tout cas je tâcherai de ne pas louper la prochaine rediff du Prisonnier car ton avis sur ce feuilleton me donne envie de le découvrir. Je vais aussi me planifier un visionnage du film de Dany Boon et ce sera un plaisir d'en parler avec toi.
    A bientôt! ;O)

    Par Blogger Laurent, À 18 janvier, 2009 20:23  

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