Cinémotion : Oliver Twist (Roman Polanski - 2005)
Pour moi, un des plus grands cinéastes, c'est Roman Polanski.
Je vous propose ma critique de son tout dernier -et excellent- film, "Oliver Twist".
Après "Le Pianiste", à la surprise générale, Roman Polanski est de retour avec une adaptation du célèbre roman de Charles Dickens.
Mais le film est loin d'être le divertissement exclusivement destiné aux enfants que certaines mauvaises langues prévoyaient avant sa sortie. A l'image du roman, en narrant les aventures malheureuses d'un petit orphelin, le film offre une peinture saisissante d'humanité sur la pauvreté autant financière que morale.
Et Polanski n'a rien perdu de son humour noir en signant cette oeuvre superbe.
Le film n'est pas une simple adaptation appliquée du roman, la patte du réalisateur de "Rosemary's Baby" est bien là. Au delà d'une reconstitution époustouflante des rues bruyantes et suintantes de Londres au 19è siècle, il y a ici des trognes extraordinaires, des personnages d'une noirceur incroyable dont le cinéaste ne nous épargne pas le moindre tic ni la moindre étincelle d'ambiguité.
Bien sûr, deux personnages-clés, deux comédiens, propulsent le film à un niveau de qualité et d'intensité dramatique impressionnant. D'abord, le jeune Barney Clark, qui incarne un Oliver Twist très touchant, petit garçon sans repère dans la tempête du destin, trébuchant sur les êtres qui croisent son chemin et tentent -en vain- de le prendre en main à leur avantage. La malchance funeste poursuit le jeune garçon sans relâche, pourtant jamais elle ne parviendra à le faire tomber. Et l'on voit dans les yeux d'Oliver ce qui le sauve, car à travers son regard innocent et chargé d'incompréhension perce toujours l'espoir, l'envie de s'en sortir.
Oliver Twist est le seul véritable enfant dans cette histoire, ses petits camarades voleurs ressemblant déja beaucoup aux adultes qui les entourent...
Ensuite, Ben Kingsley, qui compose un Fagin proprement hallucinant ! Un vieil homme avare et effrayant, plié en deux par le poids des années et de sa malhonnêteté. Une horrible crapule qui se sert des enfants abandonnés pour commettre des vols et constituer son butin. Pourtant, lui aussi est un personnage émouvant, car c'est une des grandes forces de Polanski d'avoir toujours sû illustrer avec maestria le coté équivoque de l'être humain.
Ainsi, même les desseins les plus cruellement egoistes de Fagin ne nous empêchent pas de percevoir aussi le misérable qui a un coeur, attaché à "ses" enfants presque comme un père... Difficile alors de ne pas ressentir une vive émotion dans cette scène finale lorsque Oliver fond en larmes dans les bras du vieillard attendant son exécution.
Mais l'oeuvre montre bien que les antipodes aussi existent dans ce bas-monde: la méchanceté absolue, au même titre que la bonté pure. Et le jeune Oliver Twist livré à lui même, hésite, vacille au gré de ses rencontres, entre pénombre et lumière, nous rappellant qu'il n'est pas facile de s'y (re)trouver soi-même dans cette jungle d'âmes aux teintes nombreuses et variées.
Visuellement magnifique et terriblement d'actualité, ce nouvel opus de Polanski est à la fois triste, dur, et beau.
Comme la vie.
Laurent
Je vous propose ma critique de son tout dernier -et excellent- film, "Oliver Twist".

Après "Le Pianiste", à la surprise générale, Roman Polanski est de retour avec une adaptation du célèbre roman de Charles Dickens.
Mais le film est loin d'être le divertissement exclusivement destiné aux enfants que certaines mauvaises langues prévoyaient avant sa sortie. A l'image du roman, en narrant les aventures malheureuses d'un petit orphelin, le film offre une peinture saisissante d'humanité sur la pauvreté autant financière que morale.
Et Polanski n'a rien perdu de son humour noir en signant cette oeuvre superbe.
Le film n'est pas une simple adaptation appliquée du roman, la patte du réalisateur de "Rosemary's Baby" est bien là. Au delà d'une reconstitution époustouflante des rues bruyantes et suintantes de Londres au 19è siècle, il y a ici des trognes extraordinaires, des personnages d'une noirceur incroyable dont le cinéaste ne nous épargne pas le moindre tic ni la moindre étincelle d'ambiguité.
Bien sûr, deux personnages-clés, deux comédiens, propulsent le film à un niveau de qualité et d'intensité dramatique impressionnant. D'abord, le jeune Barney Clark, qui incarne un Oliver Twist très touchant, petit garçon sans repère dans la tempête du destin, trébuchant sur les êtres qui croisent son chemin et tentent -en vain- de le prendre en main à leur avantage. La malchance funeste poursuit le jeune garçon sans relâche, pourtant jamais elle ne parviendra à le faire tomber. Et l'on voit dans les yeux d'Oliver ce qui le sauve, car à travers son regard innocent et chargé d'incompréhension perce toujours l'espoir, l'envie de s'en sortir.
Oliver Twist est le seul véritable enfant dans cette histoire, ses petits camarades voleurs ressemblant déja beaucoup aux adultes qui les entourent...
Ensuite, Ben Kingsley, qui compose un Fagin proprement hallucinant ! Un vieil homme avare et effrayant, plié en deux par le poids des années et de sa malhonnêteté. Une horrible crapule qui se sert des enfants abandonnés pour commettre des vols et constituer son butin. Pourtant, lui aussi est un personnage émouvant, car c'est une des grandes forces de Polanski d'avoir toujours sû illustrer avec maestria le coté équivoque de l'être humain.
Ainsi, même les desseins les plus cruellement egoistes de Fagin ne nous empêchent pas de percevoir aussi le misérable qui a un coeur, attaché à "ses" enfants presque comme un père... Difficile alors de ne pas ressentir une vive émotion dans cette scène finale lorsque Oliver fond en larmes dans les bras du vieillard attendant son exécution.
Mais l'oeuvre montre bien que les antipodes aussi existent dans ce bas-monde: la méchanceté absolue, au même titre que la bonté pure. Et le jeune Oliver Twist livré à lui même, hésite, vacille au gré de ses rencontres, entre pénombre et lumière, nous rappellant qu'il n'est pas facile de s'y (re)trouver soi-même dans cette jungle d'âmes aux teintes nombreuses et variées.
Visuellement magnifique et terriblement d'actualité, ce nouvel opus de Polanski est à la fois triste, dur, et beau.
Comme la vie.
Laurent
Libellés : cinema, critique de film, ecrits perso
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