Laurent

29 janvier 2006

La Féline (Le cinéma fantastique - suite)

3 - La Féline



A la lecture du titre, il est facile de deviner que contrairement aux trois autres films présentés dans cet exposé, il n'est pas question de loup-garou dans La Féline, mais d'une femme se transformant...en panthère !
Alors, pourquoi en parler ici ?
D'abord parce que le film est remarquable; ensuite pour la simple et bonne raison qu'il est quand même représentatif de ce courant de films de loup-garou très à la mode dans les années 80: le sujet est en effet voisin de la lycanthropie puisque une fois de plus un être humain se transforme en bête dangereuse et carnassière.



Pour résumer l'histoire, les panthères étaient autrefois des dieux.
Paul (Malcolm McDowell) apprend à sa soeur Irena (Natassja Kinski) qu'ils sont les descendants de cette famille divine.
La jeune femme amoureuse d'un zoologue est alors victime d'un terrible dilemme: si elle perd sa virginité, elle redeviendra une panthère...

La Féline est assurément l'oeuvre la plus émouvante, la plus troublante et sensuelle de cette sélection. Paul Schrader qui réalise ici un remake du film de Jacques Tourneur, en y ajoutant quelques éléments, surpasse l'original de 1942.
Ce qui intéresse Schrader, c'est moins la dimension fantastique de l'histoire, que la puissance d'un amour impossible, la force du désir physique auquel les amants sont voués à succomber. L'amour nait dans l'esprit puis se propage dans le corps tout en niant le danger, et par une jolie métaphore le film évoque les liens que cette drole de "maladie" entretient avec la mort: Irena doit tuer pour redevenir une femme, mais elle s'y refusera, et restera à jamais une panthère, signant irrémédiablement la fin de l'histoire de deux êtres. Tel un amour qui se consume par lui même.



Plus qu'un film fantastique, La Féline est un drole de poème, triste et profondément romantique, parcouru d'images superbes.
Et Schrader qui connait la sensualité, le charme "félin" des femmes, leur rend aussi un hommage à travers le personnage fragile d'Irena... Plus belle que jamais, Natassja Kinski incarne avec beaucoup de sensibilité une envoûtante féline.

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23 janvier 2006

Le Loup-Garou de Londres (Le cinéma fantastique - suite)

2 - Le Loup-Garou de Londres



Un an après Joe Dante, c'est John Landis qui y va de son "werewolf movie".
Fidèle à son goût pour la comédie (on lui doit les célèbres Blues Brothers), Landis tente un ambitieux mélange, entre film d'épouvante-horreur et comédie sentimentale, le tout ponctué de musique rock'n roll très sixties.

Le cocktail ne tient pas toujours ses promesses et le film peine parfois à trouver ses marques. Mais les personnages sont attachants: l'amitié entre David et Jack qui se poursuit après la mort de ce dernier, réserve son lot de surprises et de scènes mémorables.



La grande originalité du film est de ne pas se limiter à décrire le loup-garou comme un méchant monstre mettant tout le monde en danger. La créature est cela certes, mais elle est aussi un homme qui voudrait vivre normalement, une victime dépossédée de sa conscience quand la malédiction, comparée ici à une maladie incurable, se met en marche. Et Landis arrive même à nous émouvoir lorsque Alex fond en larmes en voyant son fiancé, libéré par la mort.
La façon d'aborder le thème est donc différente de celle, plus classique, d'Hurlements.
Les différences par rapport à l'oeuvre de Joe Dante ne s'arrêtent pas là, et s'illustrent notamment dans la scène de transformation.
Cette dernière est l'oeuvre de Rick Baker, immense maquilleur spécialisé dans les créatures à poils, et professeur de Rob Bottin, le responsable des maquillages d'Hurlements, un an plus tôt.
Contrairement à celle d'Hurlements, la scène de transformation se déroule en pleine lumière, avec un bon vieux rock en fond sonore, la rendant peut-être légèrement moins impressionnante que celle du film précité, ce qui n'enlève rien à la qualité remarquable du travail de Baker.
Encore un film à ne pas rater pour qui veut découvrir le genre (dispo en DVD chez Universal).

(ouaf!)

* les photos du film proviennent du site Devildead.

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22 janvier 2006

Le cinéma fantastique - première partie

Ceux qui me connaissent le savent: il y a quelques années, le cinéma fantastique était mon genre de prédilection. Ce dernier englobe de nombreux sous-genres tels que la science-fiction, le merveilleux, l'épouvante, etc...
Je crois que tout a commencé lorsque mon père, grand passionné d'art, m'emmena au cinéma. Je découvrais avec des yeux émerveillés Dark Crystal, Le Dragon Du Lac De Feu et autres Guerre Des Etoiles...
J'étais fasciné par ces personnages, ces univers étranges inspirés de légendes.
Cela doit s'expliquer aussi par le fait que j'étais un gosse assez rêveur, et si j'ai beaucoup aimé certains films dits "d'épouvante", ce n'était pas pour le sentiment de peur qu'ils étaient censés provoquer, mais plutot pour la situation insolite, totalement hors du commun, et la manière d'agir des personnages impliqués dans l'histoire.
A ce propos, le film de serial killer ne m'a jamais intéressé, à la différence du film de monstre imaginaire (vampire, loup-garou, etc...) pour lequel mon intérêt se portait autant sur la créature elle même, sa particularité, son origine, ses forces et faiblesses, etc...

Ainsi, pour terminer le week-end, l'envie me prend d'aborder la première partie d'un petit compte-rendu de ces films fantastiques qui m'ont profondément marqués.
Le thème que je choisis pour commencer est celui du loup-garou, créature mi-homme, mi-loup, appelée aussi "lycanthrope".

Cette légende trouverait ses premières origines dans de tristes faits divers remontant au Moyen-Age: durant certaines périodes très dures (guerre, hiver, etc...), des hommes sans abri que la faim avait rendue anthropophages, se cachaient dans les bois jusqu'à la tombée de la nuit et à l'occasion se nourrissaient de quelques victimes égarées : (
Souvent, ces misérables avaient une longue barbe et des vêtements en haillons, jusqu'au jour où quelques paysans crurent voir des individus mi-homme mi bête.
Ainsi serait née la légende du loup-garou.
Plus tard, elle fut légèrement modifiée pour devenir le mythe que nous connaissons, et selon lequel les nuits de pleine lune, un homme se transforme en loup meurtrier que seule une arme à feu chargée de balles en argent massif peut annihiler.

Le film de loup-garou a trouvé son rythme de croisière dans les années 40/60, notamment grâce à la célèbre maison de production britannique Hammer, pour tomber finalement en désuétude par la suite.
Puis en 1980, Joe Dante, petit génie tout droit sorti de l'écurie Corman (fameuse fabrique de séries B astucieuses et bricolées à toute vitesse), décide de remettre ça. Fasciné par les créatures carnassières mettant la planète en danger (il réalisa d'abord Piranha... puis le fameux Gremlins que tout le monde connait), il signe ainsi Hurlements (The Howling) qui reste un des meilleurs films de loups-garous à ce jour, et ce malgré les effets-spéciaux datés -mais encore efficaces.

Qu'on se le dise, ce n'est pas pour la jouer vieux réac' des eighties, mais le film de loup-garou a connu son apogée dans les années 80.
Je vais donc vous parler brièvement de quatre grands films de cette époque illustrant merveilleusement le mythe (le thème est voisin en ce qui concerne La Féline), mais qui surtout offrent chacun une approche différente et originale:

1980 - Hurlements de Joe Dante
1981 - Le Loup-Garou de Londres de John Landis
1982 - La Féline de Paul Shrader
1984 - La Compagnie des Loups de Neil Jordan


1 - Hurlements



Un vrai film d'épouvante "à l'ancienne", un hommage misant sur l'ambiance et un scénario catastrophe, mais avec aussi, Dante oblige, une bonne dose d'humour noir qui trouve son apothéose dans un final des plus surprenants.
La speakerine fatiguée Dee Walace Stone est à croquer - dit Laurent le loup-garou : ) -, quant au médecin protecteur Patrick MacNee, alias John Steed dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir, il offrait à nouveau son flegme inimitable dans une oeuvre qui restera un classique du genre.



Joe Dante sait merveilleusement filmer la forêt au coeur de la nuit, et la musique de Pino Donaggio souligne parfaitement la montée crescendo en tension.
Impossible évidemment de na pas parler du loup-garou majestueux créé par Rob Bottin: il mesure deux mètres cinquante et se tient debout (Rick Baker et John Landis feront un choix différent pour le Loup Garou de Londres). Et c'est bien entendu Robert Picardo, ami et -au même titre que l'inévitable Dick Miller- grand abonné des oeuvres de Joe Dante, qui se transforme sous l'oeil de la caméra, dans une impressionnante séquence devenue culte. Pas d'ordinateur ni d'image de synthèse à l'époque, mais des prothèses mécaniques... S'il est vrai que certains plans accusent le poids des années, force est de constater que ces effets spéciaux là, faits de matière(s), avaient quand même une sacrée gueule !
Une scène d'anthologie: Terry recherche le dossier médical d'Eddie Quist sans savoir qu'elle est observée par le monstre, tandis que passe à la télé le dessin animé des Trois Petits Cochons, tremblant devant le méchant loup de plus en plus menaçant.
Bref, à ne pas rater (existe en DVD chez Studio Canal).



Petite anecdote au sujet de Hurlements: c'est dans ce film que pour la première fois de ma vie je découvrais le smiley (comme ), aujourd'hui monnaie courante sur le web ! Allez savoir pourquoi, Joe Dante et son scénariste John Sayles eurent l'idée originale d'en faire la marque du loup-garou !
Apparait donc furtivement dans quelques scènes l'autocollant du fameux smiley collé sur différentes parties du décor, indiquant que le monstre est passé par là, ou n'est pas loin ! Bref, autant dire qu'après avoir vu ce film, la vue d'un smiley m'inspirait la méfiance pendant quelque temps !

* les photos du film proviennent du site Devildead.

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14 janvier 2006

Cinémotion: Angel Heart (Alan Parker - 1987)

Aujourd'hui, je vous présente ma critique d'un des films qui m'ont le plus marqués à ce jour. Pas un chef d'oeuvre d'originalité en ce qui concerne le scénario, mais deux acteurs au sommet de leur art (et de sa carrière pour Rourke), dans un thriller très sombre et magnifiquement maitrisé qui aura vingt ans l'an prochain.



Nous sommes dans le New York des années 50.
Le privé Harry Angel (Mickey Rourke) est contacté par un étrange personnage répondant au nom de "Louis Cyphre" (Robert De Niro). Ce dernier lui offre un pont d'or pour retrouver la trace d'un crooner lié à lui par contrat. L'enquête de Angel va longuement piétiner, entachée par le sang des personnes qui croisent son chemin, toutes victimes d'une mort inexplicable et atroce...



Ambiance et atmosphère sont les maîtres-mots de ce film noir comme la nuit, sorte d'hommage à ce cinéma policier d'antan dont Alan Parker utilise ici toutes les ficelles avec brio.
Epaulé par la prestation "chandlerienne" de Mickey Rourke, magistral en détective revenu de tout, le cinéaste parvient presque à nous faire ressentir la température des lieux, superbement reconstitués: du vieux Brooklyn, glacial et cafardeux à l'étouffante Nouvelle Orléans, berceau américain du jazz et du vaudou, Angel trébuche sur des indices et des évènements périlleux qui ne cessent de brouiller ses cartes. Tiraillé par l'envie d'abandonner, il en est incapable. Inexorablement.
Car sa recherche devient peu à peu recherche de soi, son enquête une quête d'identité...



Angel Heart est une oeuvre superbe et fascinante qui bascule lentement dans le fantastique, servi en outre par des comédiens exceptionnels (dont Charlotte Rampling, et l'étonnante Lisa Bonnet, transfuge de la sitcom The Cosby Show).
Envoûtant.

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