La Compagnie des Loups (le cinéma fantastique - suite et fin)

Pour terminer en beauté ce léger topo sur les meilleurs films de loup-garou, je vais maintenant vous parler de La Compagnie des Loups de Neil Jordan.
Adaptation d'une nouvelle d'Angela Carter, ce film se démarque des autres par une approche totalement onirique et psychanalytique du mythe, faisant de ce film le plus ambitieux et original du genre.
Les choses sont mises au clair dès le début: tout ce que l'on voit à l'écran est le rêve d'une jeune fille, en proie aux remous de cette étape charnière dans une vie qu'est l'adolescence. Pour fuir les brimades de ses parents et de sa grande soeur, Rosaleen s'enferme dans sa chambre et s'évade par la lecture de contes de fée. Cette fois elle s'est endormie profondément et rêve qu'elle habite un petit village encerclé par la dangereuse forêt... Le loup en a fait son royaume, et Rosaleen est mise en garde par sa grand-mère qui lui conte souvent des histoires terrifiantes à ce sujet: même de jour, si la jeune fille s'y aventure pour cueillir des baies ou des fraises sauvages, elle ne doit jamais quitter le sentier, et fuir comme la peste toute personne dont les sourcils se rejoignent ! (Emmanuel Chain, si tu me lis, je n'y suis pour rien). Dans le cas contraire, elle court le risque de disparaitre comme sa pauvre soeur...


Sans flirter avec la confusion, l'oeuvre respecte ainsi les caractéristiques du rêve, notamment son absence de structure linéaire et temporelle: il n'y a pas une histoire, mais plusieurs petites histoires qui se rejoignent, articulées autour du thème de la malédiction lycanthropique; quant au cadre temporel, il évoque un passé plutot lointain de notre époque, sans pour autant offrir la possibilité de le déterminer (Moyen Age ? XVIIIè siècle ? Mélange des deux, comme dans beaucoup de rêves ?). Et le film, sorte d'hommage à l'univers de Perrault ou de Grim, fascine d'abord par sa photographie et ses décors somptueux, sa forêt à la fois féérique et effrayante, avec un aspect volontairement "théâtral" qui récrée la poésie visuelle du cinéma à ses balbutiements (on songe parfois à Méliès). Difficile devant ces images de ne pas se rappeler de son enfance, de ses fascinations et peurs de gosse...
Surtout, et c'est là toute l'originalité de cette oeuvre entre merveilleux et épouvante, Neil Jordan s'intéresse à la dimension fantasmatique, érotique, du rêve de la jeune Rosaleen...et même de ces histoires célèbres telles que Le Petit Chaperon Rouge, pourquoi pas ? !


Le film met en effet l'accent sur le fait que "le grand méchant loup" sommeille un peu en chacun(e) de nous, et qu'il est sans doute au coeur de notre pouvoir de séduction, de notre sensualité... Ne personnifie t'il pas notre "animalité" dans la sexualité, notre désir de "croquer" l'autre dont le plaisir est aussi d'être la proie ?... Autant de questions passionnantes que soulève d'une façon brillante La Compagnie des Loups en s'aidant du mythe qui nous intéresse ici.
Dans une interview, Neil Jordan résumait très bien le postulat de son film :
"Ce film s'aventure dans des régions inconnues; il remonte aux origines de l'existence humaine, traite de l'essence de notre être. (...) J'ai cherché à rendre l'érotisme de l'environnement, la sensualité telle que peut la ressentir une adolescente." disait-il.
Une dernière petite anecdote personnelle sur ce film qui regorge de scènes et d'images frappantes :
je n'ai jamais oublié la magnifique "louve-garou" blessée qui apparait brièvement à la fin et dont vous pouvez voir une photo ci-dessous. Comme vous le savez, j'aime écrire, et cette belle lycanthrope que j'ai pu revoir en visionnant le film sur DVD (dont la qualité ne rend que moyennement hommage malheureusement) a été le point de départ de mon inspiration dans l'écriture d'une nouvelle. J'ai commencé cette dernière il y a quelque temps sur un forum, et je la mettrai bientot ici dans sa version intégrale.

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Voila, cette critique clôt mon rapide exposé sur le film de loup-garou.
Je m'adresse à toi public (ahahah salut Danny!)..de 3 ou 4 personnes lol... J'espère qu'il n'était pas dénué d'intérêt pour toi, et qu'il stimulera ta curiosité de découvrir au moins un de ces films.
Tu t'en doutais, mon prochain exposé sera logiquement consacré au film...(roulement de tambour)...de vampire !
Stay tuned ;)
Libellés : cinema, critique de film, ecrits perso
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