Laurent

02 avril 2006

Cinémotion: Aguirre, La Colère de Dieu (Werner Herzog - 1972)


En 1972, le réalisateur allemand Werner Herzog, fasciné par les personnages souffrant de folie des grandeurs, rappelle son acteur fétiche -et ami-ennemi intime- Klaus Kinski pour aller tourner au fin-fond de la forêt péruvienne.
Le célèbre comédien incarne bien entendu Aguirre, le personnage principal de cette odyssée métaphysique.

Aguirre est un des hommes d'une expédition de conquistadores espagnols au XVI ème siècle, à la recherche d'un trésor de légende en Amerique du Sud: l'Eldorado -recherche qui causa la mort de millions d'amérindiens, esclaves, et décimés par les épidémies venues d'Europe- .
Victime du fleuve, un groupe d'hommes mené par Pedro de Ursua et de son bras droit Aguirre, se retrouve coupé des autres. Aidé par un complice, Aguirre se rebelle contre son supérieur qu'il neutralise, puis force les autres hommes à accepter de le suivre dans une quête impossible, aux confins de la jungle et de la folie destructrice...

Une image concentre toute la force du film et résume son propos, celle de l'épilogue: Aguirre se retrouve seul sur le radeau en train de sombrer.
Lui qui se prenait pour Dieu, avait promis richesse et empire à ses hommes, à sa fille, les voila tous morts, victimes de maladie, d'attaques invisibles, et d'épuisement. Son radeau est à présent envahi par les singes, et bien qu'il soit condamné, il continue, seul, à vivre dans son fantasme de l'Eldorado.

Werner Herzog ne pouvait pas trouver meilleur acteur que Klaus Kinski.
Pour la petite anecdote: les figurants péruviens, croyant vraiment à la folie brutale de Kinski, avaient proposé à Herzog de liquider l'acteur à la fin du tournage !
Cette oeuvre épique qui raconte la folie des hommes pour l'or, c'est à dire la richesse, le pouvoir, montre à quel point ceux qui en souffrent, au même titre que leur ambition démesurée, sont si dérisoires, si ridicules, face aux éléments, les forces de la nature -la colère de Dieu- qu'ils croient maitriser et veulent exploiter...
Si l'homme gagnait en sagesse, perdait en désir de profit, alors il respecterait mieux son environnement, autant humain que naturel, et par voie de conséquence il serait plus en mesure de survivre à la colère de ce qui le dépasse.
Un très grand film.

Laurent.

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